Biodyvin, Terra Vitis, Demeter… What ?!
On les aperçoit sur toutes les bouteilles et pourtant, ils peuvent nous paraître inconnus. Tous ces labels représentent beaucoup de travail mais aussi des personnes, des domaines adhérents, des cahiers des charges bien précis… mais surtout une envie et une détermination du monde agricole de changer les choses.
Il vous est certainement déjà arrivé de vous demander quelle était la signification du label sur l’étiquette de votre bouteille. En effet, les labels se multiplient et il peut être difficile d’en comprendre réellement les aboutissants de chacune. Voici une brève explication de chacune d’entres elles pour que vous sachiez ce qu’elles impliquent.
Les labels de l’agriculture raisonnée
Ce type d’agriculture prend en compte l’écosystème (protection de l’environnement), la santé et le bien-être animal. Le principe est d’utiliser les intrants (engrais, produits phytosanitaires) seulement quand cela semble nécessaire.
Label privé né dans le beaujolais en 1998 et qui favorise une viticulture durable et raisonnée. La particularité de celui-ci est qu’il n’est pas centré exclusivement sur le vin mais sur le domaine avec une démarche de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).
L’objectif est plus global : faire des exploitations Terra Vitis des modèles en matière de responsabilité sociétale. Un organisme indépendant contrôle régulièrement le respect du cahier des charges et valide l’octroi de la certification.
Le label Terra vitis regroupe plus de 500 adhérents qui partagent entre eux leur expérience et les bonnes pratiques culturales.
C’est une certification environnementale des exploitations agricoles.Le label Haute Valeur Environnementale (HVE) est développé par le ministère de l’agriculture pour proposer une démarche d’agriculture raisonnée. Il certifie les exploitations qui atteignent les objectifs en terme de préservation de la biodiversité, de stratégie phytosanitaire, de gestion de la fertilisation et de l’irrigation.
Certaines règles lui sont spécifiques comme, par exemple, la conservation des haies, une manière de protéger la biodiversité. Comme pour tout label d’agriculture raisonnée, il ne prend pas en compte les vinifications.
C’est par ailleurs l’un des plus récents à avoir été mis en place.
“Un logo HVE, accompagné d’une mention valorisante, peut être apposé sur les produits bruts et sur les produits transformés si ces derniers contiennent au moins 95% de matières premières issues d’exploitations de haute valeur environnementale.”
C’est une charte d’agriculture raisonnée qui intègre aussi des critères de responsabilités sociétales des entreprises (RSE). C’est une démarche globale, du même type que Terra Vitis. Son cahier des charges est audité et évalué par l’AFNOR, s’appuyant sur la référence internationale reconnue par plus de 100 pays pour le développement durable et la RSE. Divers engagements sont pris par cet organisme : protéger la biodiversité, réduire les produits phytosanitaires appliqués sur la vigne, développer les emplois, favoriser les circuits courts…
Agriculture biologique et biodynamique
Quand ce label apparaît sur une bouteille de vin, cela veut dire que les raisins utilisés pour produire le vin sont cultivés biologiquement. Tous les processus, que ce soit à la vigne ou à la vinification, ont respecté un cahier des charges propre à cet organisme. Par rapport à un vin de type conventionnel (non biologique), des restrictions ont été mises en place. Sans entrer dans le détail (on peut en faire un dossier), certaines actions sont menées différemment : ne pas utiliser de pesticides de synthèse dans les vignes, de réduire les doses de soufre pour les vinifications par exemple…
La certification officielle AB indique que la viticulture préserve au maximum l’équilibre biologique de la nature. Les produits mis à la disposition des vignerons sont des produits d’origines naturelles tels que les insecticides végétaux, le cuivre, le soufre…
Six organismes sont accrédités afin de contrôler les vignerons, une fois par an, possédant le label : Aclave, Agrocert, Qualité France, Ulase, SGS ICS et surtout Ecocert.
Avoir une certification biologique (AB), être membre de l’association et respecter du cahier des charges sur la vinification : telle sont les pré-requis du/de (la) vigneron(ne) pour obtenir cette mention sur le vin.
Née en 1964, l’objectif de cet organisme est de promouvoir une agriculture respectant le vivant par le développement de l’agro-écologie.
Au niveau de la vinification, Nature & Progrès recommande que les raisins soient récoltés manuellement et que la fermentation ait lieu à partir de leurs propres levures (levures dite indigènes).
La chaptalisation (l’ajout de sucre permettant une augmentation du volume d’alcool) est autorisée à hauteur de 1 %. Le collage avec des blancs d’œufs bio ou de la bentonite est approuvé. L’acidité du vin peut être corrigée par l’emploi d’acide tartrique. Les taux de dioxyde de soufre acceptés sont de moitié ceux admis par la réglementation européenne pour le vin traditionnel.
Existe depuis 1932!
C’est un label privé certifiant que le vin a été élaboré selon les principes de l’agriculture biodynamique. Ce sont des vins produits à partir de raisins certifiés biodynamiques et vinifiés selon les règles strictes de Demeter. La biodynamie est un type d’agriculture qui va plus loin que la biologique. Lui empruntant certaines règles comme le peu de soufre ou la suppression des pesticides, la biodynamie tire son épingle du jeu en se calant sur le calendrier lunaire, en ayant une démarche spirituelle visant à mieux comprendre la plante. Les traitements consistant à protéger la plante des maladies sont entièrement naturels, ressemblant à de l’homéopathie.
La biodynamie se caractérise par une idée différente du biologique : il ne s’agit pas d’aider la plante “proprement” à se défendre, mais plutôt de l’aider à être en bonne santé, pour qu’elle puisse se battre seule contre les diverses maladies.
Les vins biodynamiques sont souvent plus coûteux que les vins conventionnels ou biologiques (sur une même appellation) car la main d’oeuvre est plus onéreuse dans les vignobles (récolte manuelle lors des vendanges, préparations diverses comme des décoctions, tisanes…)
Sur les bouteilles, vous pouvez apercevoir 2 labels qui sont propres à Demeter :
“Vin issu de raisins Demeter” pour les crus issus de raisins certifiés biodynamiques, mais qui ne font l’objet d’aucune restriction dans leur vinification.
“Vin Demeter” certifiant des crus vinifiés selon des règles plus strictes (récolte manuelle obligatoire, collage avec des blancs d’œufs biodynamiques ou de la bentonite…).
C’est une association de vignerons en culture Biodynamique créée en 1996 par un petit groupe de vignerons biodynamiques, ayant une charte ressemblant fortement à celle de Demeter. Ce petit groupe de vignerons ont fait naître un peu plus tard le Syndicat international des vignerons en culture biodynamique (SIVCBD).
Les vins sont certifiés par Ecocert, ils doivent être produits à partir de raisins biodynamiques. Le cahier des charges est très précis et se veut gage de qualité : l’une des forces de ce label.
Environ 150 domaines sont adhérents et partagent cette philosophie qui semble être à part : le label Biodyvin a construit une image de marque respectée et prisée par les professionnels du vin bio. Certains domaines de grande qualité en sont les porte-étendards comme Huet, Zind Humbrecht, François Chidaine…
Vins naturels
Un véritable défi pour les vinificateurs : l’AVN instaure un interventionnisme minimum pour l’élaboration des vins. On laisse la nature faire son oeuvre, décider de changer nos sens autour du vin. Le cahier des charges est très précis concernant les restrictions, il est d’ailleurs disponible en ligne. On note bien évidemment qu’il n’y a aucun intrants, ni de filtration…
Autant vous dire qu’avec les vins natures, vous pouvez oublier toutes les notes gustatives que vous avez l’habitude de déguster jusqu’à présent… surprise garantie !
Et on va encore plus loin avec les vins S.A.I.N.S., représentant une sous-catégorie des vins naturels. Là où les vins naturels exigent du raisin bio et interdisent tout intrant à part les sulfites (avec des doses maximales: 30 mg/l pour le rouge et 40 mg/l pour le blanc), les vins S.A.I.N.S. interdisent tout intrant y compris les sulfites. On recherche ici la “pureté” des vins en poussant à son paroxysme le côté naturel, laissant cette même nature prendre le contrôle…
Vous ne voyez pas de label ? Ce n’est pas pour autant que le vin est obligatoirement conventionnel. Certain(e)s vigneron(ne)s ne souhaitent pas adhérer à un organisme, il est alors possible qu’un domaine en viticulture biologique n’appose pas de label. De plus, les accès aux labels ne se font pas du jour au lendemain pour ceux qui souhaitent en disposer. Il faut plusieurs années (dépend des organismes) durant lesquelles les vigneron(ne)s s’engagent afin d’obtenir le graal.
Il n’est donc pas rare de voir des vignerons travaillant en bio depuis des générations mais ne cherchant pas à obtenir ces labels. Il n’est pas non plus rare d’entendre votre caviste vous dire “Ah mais cette vigneronne, je la connais, ça travaille proprement là-bas…” alors que vous ne voyez pas de label.
Certain(e)s vigneron(ne)s se laissent également le choix en préférant ne pas s’engager car s’il faut plusieurs années afin de disposer d’un label, il n’en faut malheureusement qu’une seule pour anéantir une récolte. Dans ces conditions, le/la vigneron(ne) peut décider d’être bio, tout en gardant dans son arsenal quelques “armes” si jamais…
Environ 90% des vins ne disposent pas de label, alors n’hésitez pas à faire confiance à votre caviste qui, sans aucun doute, pourra vous aiguiller dans votre quête.
En vous souhaitant de futures belles dégustations…
À bientôt
Sources :
https://fr.morethanorganic.com/labels-biologiques
https://www.larvf.com/
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